
Introduction à la Serre de la Madone
Découvrez en vidéo un aperçu en cinq minutes de ce site incontournable de la Côte d’Azur.
Si vous préférez la lecture, le texte de la narration figure ci-dessous.
La Serre, ou Serre de la Madone, figure parmi les plus emblématiques jardins créés sur la Côte d’Azur au début du XXe siècle.
Il s’agit d’un jardin éminemment méditerranéen, pensé pour s’intégrer dans son environnement naturel. Il faut le voir comme tel : un écrin végétal sculpté dans le maquis dense et parfumé, si caractéristique de cette région. Lors de sa création, ce lieu apparaissait comme un joyau botanique discret, enchâssé au cœur de la périphérie mentonnaise.
Aujourd’hui encore, la structure originelle du jardin demeure étonnamment intacte. Le principal changement notable concerne les perspectives. Jadis, la Serre s’ouvrait sur un coteau dégagé, offrant des vues panoramiques sur la campagne environnante et sur la mer. Ces vues ont, pour la plupart, disparu. La villa conserve certes son caractère d’oasis hors du temps, mais le visiteur perd aujourd’hui la perception du lien étroit qui unissait autrefois le jardin à son paysage. Il serait souhaitable, à terme, de restituer ces vues pour que le site renoue avec son cadre naturel élargi.
La notoriété de la Serre de la Madone est indissociable de celle de son créateur, le Major Lawrence Johnston, figure incontournable de l’art paysager anglo-saxon. Il est surtout connu pour avoir imaginé le jardin d’Hidcote, aujourd’hui considéré comme l’un des plus illustres jardins d’Angleterre, aux côtés de Sissinghurst.
Mais la Serre n’est pas Hidcote. Elle suit une autre logique, parle un autre langage. Elle possède sa propre structure, son identité singulière. Ce que l’on ignore de Lawrence Johnston ne fait qu’ajouter à l’aura de mystère et à la fascination que dégage ce lieu. En déambulant dans ses allées, on pressent son intime connaissance des jardins italiens, son goût pour les perspectives maîtrisées, son attachement aux canons florentins. Car les jardins, toujours, racontent en silence l’histoire de ceux qui les ont façonnés.
Le plan du jardin repose sur une sorte d’axe central, comparable à l’arête d’un poisson, autour duquel se déploient une série de terrasses, chacune avec son caractère propre. Certaines sont très densément plantées, d’autres volontairement épurées. Ces espaces de respiration sont essentiels à la lecture du lieu. Plusieurs pelouses, dégagées de toute plantation, apaisent le regard et invitent à la contemplation.
Autrefois, les visiteurs arrivaient par le bas de la vallée, remontant un sentier sinueux qui les menait jusqu’à la cour d’honneur, point d’entrée vers le cœur du jardin. De là, la villa apparaissait en surplomb, flanquée de terrasses plantées de fruitiers et bordées de murets.
La villa surplombe ainsi un enchaînement de terrasses descendantes, toutes plantées d’essences exotiques et subtropicales d’une diversité remarquable.
Ce jardin dégage, selon moi, une atmosphère singulière. Il fait partie de ces lieux rares, empreints d’une véritable magie. Ce qu’il lui manque aujourd’hui, c’est sans doute une certaine cohérence retrouvée. Il faut garder à l’esprit que ce jardin a été conçu autour de la villa, qui en constitue le point d’ancrage, le cœur de la composition.
À l’occasion du centenaire de la création du jardin, une ambitieuse initiative a vu le jour. Son objectif : retrouver, autant que possible, l’esprit, la cohérence et les lignes fondatrices imaginées par Lawrence Johnston. Porté conjointement par la Ville de Menton, le Conservatoire du Littoral et l’Association pour la Sauvegarde des Jardins d’Exception du Mentonnais, ce vaste chantier entend redonner à ce joyau botanique toute sa splendeur, tout en réaffirmant sa place de référence sur la scène paysagère de la Côte d’Azur.
Todd Longstaffe-Gowan